Entre Froideur Et Désir

Chapter 9: Chapitre 9



- Rensley ! Ne blâmez pas Mlle Maylidjy ! Je lui parlais simplement du bon vieux temps et elle s'est fâchée... Elle m'a jetée à la piscine. C'est moi qui l'ai mise en colère.

- Carline, je ne pense pas que toi et Mlle Maylidjy étiez amies auparavant. De quel bon vieux temps parles-tu ?

- J'essayais seulement de lui donner plus de détails pour qu'elle te traite mieux, Rensley...

- Appelle-moi Monsieur Luc, ou Monsieur Dupont. Ne m'appelle pas aussi familièrement. Ma femme pourrait devenir jalouse.

Les personnes présentes, tout comme les journalistes, furent stupéfaits par cette déclaration. Aussitôt, les questions fusèrent : Quand Monsieur Luc s'est-il marié ? Qui est son épouse ? Est-elle présente ce soir ? Serait-ce Mlle Maylidjy ? Monsieur Luc n'a-t-il pas peur de la réaction de sa femme en portant ainsi sa secrétaire dans ses bras ?

Un tumulte de curiosité s'éleva. Pourtant, malgré l'agitation, M. Luc et Mlle Carline continuèrent leur échange houleux.

- Rensley, tu es marié ?

- Je ne pense pas que mes affaires te concernent.

- C'est Maylidjy ! Elle m'a délibérément poussée dans l'eau !

Je restai silencieuse. J'observais la manière dont M. Luc gérait la situation. Peut-être que le moment était venu... Peut-être avait-il le droit de savoir qu'il avait un fils.

- Mlle Carline accuse Mlle Maylidjy de l'avoir poussée ? demanda calmement M. Luc.

- Bien sûr, Monsieur Luc ! C'est elle ! Je lui ai dit que toi et moi avions grandi ensemble, que nous étions des amoureux d'enfance... Elle a été prise de jalousie et m'a jetée à l'eau.

- Oh, je vois... répondit-il d'un ton moqueur avant de poursuivre :

Mlle Maylidjy ne sait pas nager. Toi, si. De plus, tu étais bien plus proche du bord que celle-ci. Et avant même de tomber, tu n'as pas bougé d'un seul pas. Voudrais-tu que je te donne plus de détails ?

- Pourquoi la défends-tu toujours ? cria Carline. Quel sort t'a-t-elle jeté ?

Sans répondre, M. Luc fit un signe à son assistant. Celui-ci lui apporta rapidement une tablette. M. Luc la connecta à un projecteur et la vidéo de la caméra de surveillance s'afficha sur un grand écran. Tous purent voir les images. Mlle Carline perdit aussitôt toute contenance.

- Ce n'est pas ce que vous croyez ! s'écria-t-elle, la voix tremblante. Elle a manipulé la vidéo ! C'est elle la responsable ! Elle veut me faire porter le chapeau ! Elle veut faire croire que c'est moi !

- Et pourquoi ferait-elle cela ? Pour quelle raison manipulerait-elle une vidéo devant tout le monde ?

- Elle veut devenir ta femme ! Elle veut épouser le PDG ! Qui ne rêverait pas de faire partie de la famille Dupont ? Elle est une croqueuse de diamants, elle veut être Madame Dupont, c'est évident !

- Oh ? Et toi alors ? Tu ne voudrais pas, toi aussi, devenir Madame Dupont ? demanda-t-il d'un ton ironique.

- Je n'ai jamais dit ça !

- Alors explique-toi. Tu as délibérément poussé Mlle Maylidjy et tu as feint d'être la victime. Tu ne t'attendais pas à ce que la vérité éclate au grand jour. Et même maintenant, face à des preuves irréfutables, tu continues d'accuser une innocente. As-tu autre chose à ajouter ?

Carline ouvrit la bouche, mais avant qu'elle ne puisse dire un mot, M. Luc s'adressa à son assistant :

- Conduisez-la au poste de police pour blessure intentionnelle.

- Bien, Monsieur Luc.

Les gardes du corps s'approchèrent, la saisirent fermement par les bras et l'emmenèrent.

- Allons-y,

me dit-il en me portant dans ses bras jusqu'à une chambre. Il demanda à deux employés de m'apporter des vêtements secs. Une fois changée, il me fit monter dans sa voiture. Son assistant prit le volant.

- Pourquoi tu n'as rien dit ?

demanda-t-il en s'adressant à moi.

- Hmmm ?

- J'ai dit : pourquoi tu ne t'es pas défendue ? Pas un seul mot n'est sorti de ta bouche quand elle t'a calomniée tout à l'heure !

me dit-il, un peu nerveux.

Je lui répondis d'un ton indifférent :

- Monsieur Luc a-t-il un problème avec sa femme ? Elle et moi sommes tombées à l'eau, et pourtant, c'est moi qu'il a sauvée. Il a ignoré sa propre femme... comme c'est cruel de sa part !

- Elle n'est pas ma femme.

- Ah oui, j'avais oublié. C'est ta fiancée.

- Elle n'est pas ma fiancée.

Je poursuis, cette fois en haussant la voix, sur un ton presque accusateur :

- Alors, c'est ton ex-fiancée ?

Il me fixa, perplexe, sans répondre. Nos regards restèrent accrochés. L'atmosphère dans la voiture était tendue. L'assistant de Monsieur Luc jeta un coup d'œil discret dans le rétroviseur mais ne dit rien. Il tourna brusquement le volant vers la droite. La secousse fit perdre l'équilibre à M. Luc, qui bascula contre moi. Ses lèvres touchèrent les miennes.

Je lui donnai deux petits coups sur la poitrine, indignée :

- Tu l'as fait exprès ! Tu n'as pas le droit de m'embrasser !

À peine avais-je prononcé ces mots que l'assistant fit une nouvelle embardée, cette fois vers la gauche. Ce fut moi qui perdis l'équilibre. Mon corps se pencha contre celui de M. Luc, et nos lèvres se croisèrent à nouveau.

Gênée, je ne dis rien. Je me redressai rapidement et m'assis fermement. Lui aussi se redressa, visiblement troublé, et gronda son assistant :

- Comment conduis-tu ?

- Désolé, Monsieur Luc !

Son assistant afficha un petit sourire satisfait en nous observant à travers le rétroviseur. Une fois arrivés devant chez moi, la voiture s'arrêta.

- Merci, Monsieur Luc.

Je descendis du véhicule... mais je constatai qu'il était descendu lui aussi.

- Où vas-tu ? Pourquoi es-tu descendu ?

- J'ai quelque chose à te dire.

- Dis-le.

Il me regarda droit dans les yeux.

- Je t'ai toujours aimée. C'est pour ça que je t'ai toujours traitée différemment des autres. Parce que tu es différente. Lorsque j'ai appris que ta lettre de démission avait été signée, j'ai paniqué. J'ai essayé de te contacter, mais tu m'avais bloqué. J'ai tout tenté pour te faire revenir... Mais tu étais injoignable. J'ai compris que tu avais changé de numéro, peut-être même de portable. J'ai fini par suivre tes traces jusqu'à l'étranger, mais impossible de te localiser. Je pensais que je ne te reverrais jamais.

Il marqua une pause, puis reprit :

- Chaque jour, je noyais mon chagrin dans l'alcool. Je me suis souvent demandé : Si je t'avais avoué mon amour plus tôt, serais-tu restée ? Peut-être que tu ne serais jamais partie... Je voulais tout t'expliquer, mais je ne savais pas comment. Tu es indépendante, débrouillarde, méticuleuse, sensible. Je ne savais pas comment te plaire. Je ne me croyais pas à la hauteur. Alors j'ai voulu profiter de ce qu'on avait vécu, ce soir-là... pour te garder auprès de moi un peu plus longtemps. Je ne savais pas que tu partirais comme ça.

Il s'approcha doucement, sa voix toujours aussi sincère.

- Et quand j'ai su que tu étais de retour au pays, j'étais fou de joie. Je me suis dit que peut-être... j'avais encore une chance. Une chance de te dire ce que je ressens. Chaque jour passé à tes côtés est un cadeau. Ta manière d'être... elle illumine mon cœur. J'aime quand tu ne te laisses pas faire, quand tu répliques. Tu n'as jamais eu peur de moi. Laisse-moi t'accompagner pour le reste de ta vie. Je t'en prie...

Je le regardai, ses yeux étaient pleins d'âme. Mon cœur battait à tout rompre. C'est donc ce PDG, réputé dur et froid, que je voyais maintenant si doux, si sincère. Je me sentais... un peu chanceuse.

Je demandai, presque en chuchotant :

- Monsieur Luc est-il en train de faire une demande en mariage à sa secrétaire ?

- Si tu trouves que c'est trop soudain, tu peux prendre le temps d'y réfléchir...

- Je ne veux sauter aucune étape.

- Alors... sois ma petite amie. S'il te plaît.

J'hésitai. Un long silence s'installa entre nous. Puis, doucement, je répondis :

- D'accord.

Tout excité, il me demande :

- Tu es d'accord ?

- Bien sûr... Tu ne voulais pas que je dise oui ?

- Si, si ! Bien sûr que si !

Il m'attrape dans ses bras, me soulève en riant et tourne plusieurs fois avec moi, comme un enfant joyeux. C'est la première fois que je le vois aussi heureux, aussi rayonnant.

- Allez, rentre chez toi maintenant !

- Tu ne veux pas laisser entrer ton copain ? Juste quelques minutes ?

- Ne demande pas trop... File chez toi. Sois sage.

- D'accord, d'accord... J'écoute ma femme !

- Qui est ta femme ?

lui dis-je d'un ton capricieux et joueur.

- C'est toi ma femme ! Et tu le resteras toujours, quoi qu'il arrive.

Il m'embrasse tendrement sur le front, tourne les talons et monte dans sa voiture. Je lui fais un petit signe de la main en disant « Bye-bye ». Il me répond avec un regard doux et le même geste.

Quand j'entre dans la maison, mon fils m'accueille en courant, tout curieux :

- Mami ! C'était qui ce monsieur tout à l'heure ? Celui qui te regardait comme ça ?

Un peu surprise, cherchant mes mots, je réponds simplement :

- C'est le patron de maman.

Il fronce les sourcils, intrigué :

- Mami, les employés ne sont pas si proches de leur patron. Mais toi, tu es différente !

- On se connaît depuis longtemps, mon cœur. Depuis des années, même. Nous sommes aussi des amis de longue date.

- Ah bon ? C'est donc ça !

- Oui, mon fils. Et toi, dis-moi... comment s'est passée ta journée ? Tu as été sage ? Tu as bien mangé tout ton repas ?

- Oui, c'était bien. Mais une journée sans ma jolie maman n'est jamais vraiment complète !

- Comme tu as la bouche sucrée, toi... Faite pour cajoler les gens !

- Comment ne pas cajoler une maman aussi belle, douce et gentille que toi ?

- Hmm, merci, Sley ! Et où est grand-mère ?

- Grand-mère est dans la cuisine, elle prépare le dîner. Elle t'attend.

- D'accord. Je vais aller la voir.

J'enlève mes chaussures et me dirige vers la cuisine, où l'odeur du repas me parvient déjà.

- Bonsoir, grand-mère ! Je suis rentrée.

- Te voilà enfin, ma chérie ! Comment s'est passée ta journée de travail ?

- Très bien, grand-mère. Mais tu m'as beaucoup manqué.

- Toi aussi, tu m'as manqué, ma fille ! Allez, viens t'asseoir, le repas est prêt. On va bientôt passer à table.

- Maman, tu ne devrais pas faire tout ça. Je t'ai engagée une servante pour t'aider, tu peux la laisser gérer les tâches ménagères.

- Et moi, que vais-je faire alors, si je lui laisse tout ? M'ennuyer à ne rien faire ?

- Tu pourrais sortir un peu, profiter de la vie, t'amuser...

- La vie, ce n'est pas que l'amusement, ma fille. Il faut aussi travailler, se rendre utile.

- Je travaille déjà, maman. Et toi, tu as tout fait pour moi. Tu m'as élevée seule. Même si tu ne veux pas que je t'appelle "maman" à cause de ton âge, tu restes ma maman chérie. Tu es précieuse à mes yeux. Je ne laisserai jamais personne te faire du mal. Je risquerais ma vie pour te protéger. Pas seulement parce que tu l'as fait pour moi autrefois, mais parce que je t'aime, et que tu le mérites profondément.

- D'accord, d'accord, ne parlons pas trop de tout ça... On va finir par pleurer.

- Je suis sérieuse, maman.

- Et moi aussi, ma chérie. Allez, mangeons.

(S'adressant à mon fils :)

Sley ! Viens manger !

- Je vais me laver les mains d'abord, maman !

- Très bien, vas-y, mon garçon.

Sley arrive en courant, enthousiaste :

- Me voilà, grand-mère !

- Sley, viens d'abord te laver les mains avant de t'installer à table,

lui dis-je avec un sourire tendre.

Quelques instants plus tard, nous nous retrouvons tous les trois autour de la table. Un moment simple, doux, mais si précieux. Prendre un repas en famille... voilà une des choses les plus importantes à mes yeux.

Et chaque soir, je demande à Dieu de bénir notre petite famille de trois.


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