Chapter 10: Chapitre 10
Après le dîner, ma famille et moi nous reposons après cette journée très chargée. Après quelques jours passés ensemble, la relation entre M. Luc et moi évolue très bien. Aujourd'hui, après le travail, M. Luc — qui est maintenant mon petit ami — me ramène chez moi en voiture.
Lorsqu'on arrive, nous descendons de la voiture pour échanger quelques mots.
— Alors je m'en vais, lui dis-je en lui tenant la main.
Il me répond simplement :
— Hmmm.
— Je m'en vais vraiment !
— Hmmm.
Je me tourne pour rentrer chez moi, mais il ne lâche pas ma main.
— Quoi ! Tu ne veux pas que je m'en aille ? lui dis-je avec un sourire.
— J'aurais aimé que tu sois tout le temps auprès de moi, me dit-il en me regardant dans les yeux.
Il me tire doucement par la main, pose sa main droite sur ma nuque, passe l'autre autour de ma taille et m'embrasse. Je suis surprise par son geste, surtout en pleine rue, mais ce n'est pas grave : il fait déjà nuit. Il m'embrasse tout en me caressant, comme une personne qui a envie d'en faire plus. Je passe mes mains autour de sa nuque. Il me plaque doucement contre sa voiture.
Pendant ce temps, à l'intérieur de la maison, mon fils, ayant entendu le bruit de la voiture stationnée, dit à ma grand-mère :
— Grand-mère ! Manman est de retour !
— Où est-elle ? lui demande-t-elle.
— J'ai entendu une voiture dehors !
— Ce n'est peut-être pas elle, Sley.
— Ouais, ça fait un moment... Si c'était vraiment maman, elle serait déjà rentrée dans la maison.
— Je n'ai entendu ni bruit ni klaxon de voiture.
— Grand-mère, allons voir !
dit Sley, tout excité.
— D'accord, d'accord, allons voir ce qui se passe dehors, répond-elle en se levant.
Dehors, inconsciente de ce qui se prépare, je continue d'embrasser mon petit ami sans me soucier de rien. Puis j'entends une voix non loin :
— Manmi !
Surprise, je cesse aussitôt d'embrasser mon copain et tourne la tête en direction de mon fils. Lorsque grand-mère me voit, accrochée à M. Luc, mes mains autour de sa nuque, la main de M. Luc autour de ma taille — et qu'elle me voit l'embrasser — elle se dépêche de mettre les mains devant les yeux de mon fils Sley pour l'empêcher d'en voir davantage.
Elle dit à Sley :
— Ce n'est pas maman ! Maman n'est pas là ! Allons voir ailleurs !
Mais lorsque mon copain remarque mon changement de comportement en voyant ma grand-mère et mon fils, il me regarde, confus, et demande :
— Maman ?!
Je suis choquée de l'entendre prononcer ce mot, surtout avec un ton mêlé de surprise et d'interrogation. Il fronce les sourcils, l'air perplexe, et poursuit :
— Tu as un fils ?
Gênée, nerveuse mais gardant un sourire un peu moqueur, je lui réponds :
— Moi ? Comment est-ce possible ! C'est impossible pour moi d'avoir un enfant si grand !
Il m'observe attentivement, cherchant à lire entre les lignes.
— N'est-ce pas toi que l'enfant a appelée tout à l'heure en disant : "Maman" ?
Je secoue vivement la tête.
— Non non, ce n'était pas moi. Je n'ai pas encore d'enfant. Peut-être un jour, dans le futur. Il se pourrait que ce petit cherchait sa mère mais qu'il ne l'a pas trouvée... Tu vois bien qu'il est allé chercher ailleurs.
— T'en es sûre ?
— Oui, oui, j'en suis sûre ! assurai-je, en essayant de rester naturelle.
Il hoche la tête.
— D'accord, je te crois.
Je le fixe alors, le cœur serré. Son regard est sincère, plein de confiance. Une confiance que je trahis. Il croit tout ce que je lui dis, et cela me rend coupable. Très coupable. Je sens que je devrais lui avouer la vérité, mais je n'ai pas encore le courage. Pas ce soir. Pas comme ça.
Il m'embrasse tendrement sur le front, ce qui me déstabilise encore plus. Puis je le salue et rentre à l'intérieur, le cœur battant. Mais maintenant… que vais-je dire à grand-mère ? Je n'ai aucune idée de la manière dont je vais m'en sortir.
— Bonsoir grand-mère ! Bonsoir Sley ! dis-je avec un grand sourire. Manmi est là !
— Manmi ! Manmi !
Mon fils court vers moi et m'embrasse avec joie. Mon cœur fond en le serrant dans mes bras. Je suis tellement heureuse de l'avoir dans ma vie. Il est mon monde. Mon secret.
Après ce moment de tendresse, je m'avance vers ma grand-mère. Mais aussitôt, je remarque une certaine froideur dans son attitude. Elle n'est pas comme d'habitude. Quelque chose a changé. Elle semble... tendue. Je pense savoir pourquoi.
Je continue d'avancer, un peu nerveuse, et je la regarde dans les yeux :
— Man... Qu'est-ce qu'il y a ?
Elle me jette un regard intense, sans dire un mot. Ce silence m'inquiète.
Je tente de faire comme si de rien n'était :
— Man, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu ne te sens pas bien ?
Toujours aucune réponse. Elle détourne son regard de moi et appelle doucement Sley :
— Sley, viens voir grand-mère, mon chéri.
Il s'approche d'elle, souriant. Elle le regarde avec tendresse et lui dit, d'une voix douce :
— Sley, va dans ta chambre pour jouer ou te reposer un peu. Moi et ta maman, nous devons discuter de certaines choses.
— D'accord grand-mère ! Mais n'oublie pas de venir me raconter une histoire quand vous aurez fini !
— Bien sûr, je viendrai mon fils.
— Je t'attends, grand-mère !
dit-il, tout excité, en courant vers sa chambre.
Dès que mon fils entre et ferme la porte, l'expression de ma grand-mère change aussitôt. Elle me regarde intensément, les bras croisés, le visage fermé. Son regard me parle. Il dit clairement : "J'attends des explications sur ce que je viens de voir tout à l'heure."
Je tente un sourire maladroit :
— Grand-mère… qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? On dirait que tu veux m'écorcher vivante !
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Elle s'assoit lentement en face de moi, me regarde droit dans les yeux et dit :
— Et toi, regarde comment tu me parles ! Est-ce que tu me traites encore comme ta mère ?
Elle m'adresse une petite tape sur la main, pas méchamment, mais avec cette autorité maternelle qu'elle garde toujours.
— Man ! De quoi parles-tu ? Tu es ma chère mère, tu l'as toujours été et ce n'est pas négociable !
Je lui réponds sincèrement, avec un sourire doux pour tenter d'alléger l'atmosphère. Mais elle ne se laisse pas attendrir aussi facilement.
— Comment peux-tu avoir un petit ami dehors, dans la rue, et ne pas me l'avoir présenté ?
— Je viens juste d'accepter sa demande, lui dis-je d'un ton bas et nerveux, tout en passant maladroitement mon doigt derrière mon oreille.
Elle n'en reste pas là et reprend aussitôt :
— Tu ne dois plus laisser Sley voir ce genre de choses à l'avenir. Tu m'as bien compris ?
— Ce n'était pas intentionnel, mère ! Je ne savais pas qu'il était encore réveillé, je ne pensais pas...
Mais elle change vite de ton, visiblement excitée et curieuse. Elle me lance, presque enjouée :
— Comment s'appelle-t-il ? Qui est-il ? Que fait-il dans la vie ? Où travaille-t-il ?
— Man ! Peux-tu s'il te plaît poser une question à la fois ?
— Mais je te les demande, ma fille !
— Comment veux-tu que je réponde à tout ça d'un coup ?
— Eh bien, tu n'as qu'à répondre une par une !
— Mais je ne me souviens même plus des questions. Tu les as posées si vite que je n'ai même pas entendu tous les mots… alors comment répondre ?
Elle soupire avec insistance.
— Hé ! Dis-moi… quand vas-tu me le présenter ?
Je prends une grande inspiration, baissant un peu les yeux. Je sens que le moment est venu, mais j'ai du mal à sortir les mots.
— Man… laisse-moi te dire une chose. C'est compliqué. Ce n'est pas que je ne veux pas te le présenter, mais… je ne peux pas encore l'amener ici.
— Comment ça ? Qu'est-ce qui te fait dire ça ? demande-t-elle, soudain plus sérieuse.
Je déglutis, mon cœur s'accélère. Je baisse la voix.
— Il est le père de Sleydjy.
Elle pousse un cri de surprise :
— Quoi ? Son père ?!
Paniquée, je me précipite pour poser ma main sur sa bouche.
— Chut ! Baisse le ton, s'il te plaît ! Sley pourrait t'entendre. Il faut être très prudente. Je lui ai toujours dit qu'il n'avait pas de père.
Je retire lentement ma main, et, d'une voix attristée, je continue :
— Je me sens toujours coupable envers lui. Chaque fois qu'il me demande : « Où est mon papa ? », je ne sais pas quoi lui répondre. Je lui dis qu'il n'en a pas. Et il me regarde avec ses grands yeux et me dit : « Tous les autres enfants ont un père. Pourquoi pas moi ? »
À l'école, on lui dit des mots horribles. On le traite de bâtard, d'enfant illégitime. Mon cœur saigne chaque fois comme si on me poignardait. Alors je lui ai menti. Je lui ai dit que son père était mort… Mais je sais que ce n'est pas vrai.
Ma grand-mère reste silencieuse un moment. Elle pose doucement sa main sur mon épaule et me dit avec tendresse :
— Je te comprends, ma fille.
Puis elle me regarde droit dans les yeux et demande doucement :
— Il n'est pas au courant que Sleydjy est son fils ?
— Non… Il ne sait même pas que j'ai un enfant. Comment pourrait-il deviner que Sley est son fils ? Et je lui ai menti… Je lui ai dit que je n'avais pas d'enfant.
— Pourquoi ne pas le lui avouer ? me demande grand-mère.
— J'ai envie de le faire, mais je ne sais pas comment lui dire. Je ne sais pas comment lui faire face. Et je n'ai aucune idée de sa réaction en apprenant la vérité. Après tout, Sley a déjà cinq ans… Il ne pourra peut-être pas l'accepter.
— Je vois qu'il paraît gentil avec toi. Est-ce qu'il te traite bien ?
— Il me traite bien, et très différemment, depuis toujours. Je savais qu'il avait le béguin pour moi, mais je pensais qu'il me donnerait du fil à retordre après cette aventure d'un soir… C'est d'ailleurs pour cela que je suis partie à l'étranger. Mais je ne savais pas que j'allais tomber enceinte. Et maintenant, il est mon patron, le PDG du groupe Lazy, ainsi que de l'entreprise où je travaille aujourd'hui.
— D'accord, alors prends ton temps. Mais souviens-toi que Sleydjy a aussi le droit de savoir qui est son père.
— Je le lui dirai, mère. Mais pas maintenant.
— D'accord, d'accord. C'est toi qui décides. Mais sache que je te soutiendrai toujours, peu importe le résultat, peu importe ton choix. Ce qui m'importe le plus, c'est ta sécurité. Protège-toi ma fille, c'est le plus important.
— Merci maman… Quelle chance de t'avoir à mes côtés.
Nous nous embrassons joyeusement dans le salon, soulagées par ce moment de vérité. On sourit, on se réconforte, sans se douter qu'un petit être nous écoute… tout près.
Mon fils Sleydjy est resté derrière la porte, silencieux, écoutant toute la conversation de mère à fille sans que nous nous en rendions compte. Dans sa tête, les idées s'enchaînent :
— Mon papa n'est-il pas mort ? Alors… il est ressuscité ? Mais maman m'a toujours dit que les morts ne reviennent jamais ! Alors… comment mon père est revenu à la vie ? Il a vécu la mort ? Ou bien… maman m'a menti ? Il n'était peut-être jamais mort ?
Il réfléchit un instant.
— Non, non ! Maman ne me mentirait pas. C'est sûr… papa est ressuscité ! Mais… maman ne veut pas que je le sache. Alors, je dois faire un plan pour le rencontrer.
Un éclair d'excitation traverse ses yeux.
— Maman a dit qu'il est le PDG de Norvège Group. Et maman travaille là-bas aussi… Mais si j'y vais, elle pourrait me découvrir. Tant pis. J'irai quand même !
Mais soudain, il entend les pas de ma grand-mère qui s'approche. Il se précipite dans son lit et se couche en vitesse, faisant semblant de dormir profondément.
Grand-mère entre doucement dans la pièce, le voit paisiblement allongé et sourit.
— Oh… il dort déjà.
Elle abandonne l'idée de lui raconter une histoire, referme la porte doucement, et s'en va.
Quant à nous, sans savoir que Sleydjy a tout entendu, nous montons nous coucher.