Entre Froideur Et Désir

Chapter 3: Chapitre 3



— Mr Luc, c'est quoi le boulot que vous vouliez que je fasse déjà ?

Je m'adresse au PDG Luc, très nerveuse, avec un petit sourire, et je le regarde s'éloigner jusqu'à sa chaise.

— Si pressée ! Mlle Maylidjy a d'autres choses à faire ?

— Non non, Mr Luc, ne vous en faites pas, prenez votre temps !

Avec ce ton et ses expressions, qui aurait envie de rester à ses côtés ? Il n'a pas d'yeux ? Ne voit-il pas encore que je veux rester hors de sa vue ? Rien qu'en le voyant, je stresse. Comme j'aimerais l'étrangler, le battre à mort. Pour qui se prend-il ? Veut-il m'enfermer avec lui toute la journée dans son bureau pour l'admirer ? Il se prend pour un mannequin ou quoi ?

Comme il n'ajoute plus rien, je promène les yeux dans son bureau. Waw… Cet endroit est deux fois plus grand que ma chambre à coucher. Il a tout ce dont il pourrait avoir besoin. Il y a même un salon dans son bureau. Je m'assois sur les chaises du salon : elles sont tellement douces, épaisses et confortables. Une grande vitre sert de muraille, et je peux voir ce qui se passe à l'extérieur sans faire le moindre effort. Sur son bureau, un cadre est posé, un bouquet de fleurs et des documents. Je me demande qui lui a envoyé ce bouquet. Au loin, je remarque une porte… Qu'est-ce qui peut bien se cacher derrière ? Aucune idée, ça reste à deviner ou à savoir. Je suis vraiment très curieuse. Maintenant, je réalise que rester quelques minutes dans son bureau n'est pas une si mauvaise affaire.

— On dirait que Mlle Maylidjy s'habitue très vite !

Je sursaute, car j'étais concentrée et perdue dans l'idée de regarder l'enceinte. Que dois-je répondre ? Il ne faut surtout pas qu'il sache que je suis curieuse de promener les regards.

— Mlle Maylidjy !

— Oui, Mr Luc, je suis là.

Je me lève à une vitesse impressionnante, un peu maladroite, au point de faillir tomber. Il court vers moi et me tient le bras en disant :

— Fais attention !

Se soucie-t-il de moi ? Je ne pense pas ! Peu importe la personne ou l'employé, il ferait certainement la même chose ! Oui, il le ferait.

Un peu gênée, je retire mon bras de ses mains en lui disant :

— Merci, Mr Luc.

— Tu vas bien ? Tu ne t'es pas blessée ?

— Je vais bien, merci de votre inquiétude, Mr Luc.

Son expression change. Un peu gêné, il me dit :

— La prochaine fois, fais attention à ne pas tomber.

— Merci, Mr Luc !

Il retourne jusqu'à son bureau, prend quelques documents et revient vers moi.

— Trie ces documents, fais-en quelques copies et apporte-les-moi personnellement lorsque tu auras terminé.

— D'accord, Mr Luc.

Je m'éloigne, et lorsque j'arrive devant la porte, il m'interpelle :

— Mlle Maylidjy.

— Oui, Mr Luc !

— Prends ce bouquet de fleurs avec toi.

— Tu veux le donner à qui, Mr Luc ?

— Ai-je dit que je voulais le donner à quelqu'un ?

— Alors tu veux que j'en fasse quoi, Mr Luc ?

— Jette-le !

— D'accord, Mr Luc !

Je me retourne, je sors de son bureau et je ferme la porte. Arrivée hors de la pièce, je prends un souffle, comme si j'avais été terrorisée par quelque chose. Eh oui… maintenant, au boulot !

Après avoir quitté le bureau, je me rends au mien. Toutes les personnes présentes me fixent. Qu'est-ce qui ne va pas avec eux ? Pourquoi me regardent-ils ? Y a-t-il quelque chose sur mon visage ? Ou bien ma robe est-elle tachée par quelque chose ? J'entends des chuchotements, et en m'approchant plus près d'eux, je les entends dire :

— Elle est enfin sortie ! Cela faisait déjà un bon moment qu'elle était entrée dans le bureau du PDG. Le président ne laissait jamais les femmes rester aussi longtemps dans son bureau. Et elle, elle y est restée si longtemps !

— Ce n'est pas en faisant ce genre de choses qu'elle va réussir dans l'entreprise !

— Oui, Dieu seul sait quel genre de choses sales elle fait pour survivre jusqu'ici !

En entendant ces mots, je suis tellement énervée que j'ai envie de leur retirer la parole. Ils inventent des choses à leur guise, faisant circuler des rumeurs comme il leur semble bon ! Et voilà Sandra qui s'approche de moi et me dit :

— Maylidjy, j'entends souvent dire que tu es impudique, sans vergogne. Je ne le croyais pas, mais maintenant, il semble que les rumeurs qui circulent à ton sujet ne soient pas fausses. Le PDG nous a demandé de sortir. J'ai obéi sagement, mais toi, tu y es restée. Se pourrait-il que tu tentes de séduire le PDG ? Pas étonnant que, le jour de la signature du projet entre Lazy Group et Jane's Group, le PDG soit venu personnellement au dîner !

— Mme Sandra est jalouse !

— Toi…

— Reproche-toi plutôt ton manque de charme. Pourquoi viens-tu vers moi ? Pourquoi ne travailles-tu pas sur ton apparence, ta manière de parler, ta posture ? Tu viens me cibler… Tu crois vraiment que Mr Luc serait attiré par une "tante" comme toi ?

— Qui traites-tu de tante ?

— Après tous tes efforts pour devenir Mme Luc, tu échoues lamentablement. Ça fait cinq ans que tu travailles dans cette entreprise, n'est-ce pas ? Et malgré tout ce temps, tu n'as jamais réussi à capter l'attention du président. Donc son cœur ? Encore moins ! Te voir dans cet état, c'est triste. On dirait une femme amère, frustrée. Tu es déçue que le président ne te voie même pas, et maintenant tu me jalouses parce que j'ai ce que tu veux. Oh, si pitoyable. Tu me fais pitié !

Sandra, rouge de colère, bégaye en répliquant :

— D-de quoi tu parles ? Et comment oses-tu répandre des rumeurs pareilles sur le PDG ?

— Mme Sandra sait très bien, au fond d'elle, si j'ai tort ou non… pas vrai ?

Elle fronce les sourcils, son regard devient noir, intense, provoquant. Elle me fixe avec mécontentement et rage… mais elle ne peut rien me faire pour le moment. Je garde la tête haute.

Mais les autres autour ne se gênent pas pour relancer :

— Yoo ! Maylidjy est vraiment sûre d'elle ! On dirait qu'elle croit que ses "capacités" lui ouvrent toutes les portes. Après tout, c'est peut-être en se glissant dans les lits des hommes riches qu'elle a pu arriver ici !

— Ouais ! Peut-être que même les vieux ne sont pas épargnés. Mlle Maylidjy a sûrement un don pour séduire les hommes !

Ces mots m'atteignent comme des flèches. Trop, c'est trop. Je perds patience. Je gifle les deux personnes qui ont osé dire ça.

— Vous vous êtes brossé les dents ce matin ? Votre bouche pue !

Fadlène, l'un des deux, me répond aussitôt en me giflant violemment :

— Comment oses-tu nous parler de cette manière ?!

Je réagis immédiatement. Je lui rends deux gifles sans hésiter.

— Je ne tolère pas que des gens impurs me touchent, encore moins qu'on me gifle.

Gyrlène, une autre parmi eux, entre dans la scène en me lançant d'un ton moqueur :

— Maylidjy, ne sois pas trop fière. Toutes les filles qui osent s'approcher du PDG dans l'idée de le séduire finissent par être jetées dehors. Même si tu as un peu plus de chance que les autres et que tu réussis à coucher avec lui, ne te vantes pas. Le PDG ne fera jamais de toi Mme Luc. Il ne fait que jouer avec toi. Quand il en aura fini, il te fera partir d'ici comme toutes les autres. Tu n'es qu'un jouet. Alors, calme-toi et fais-toi discrète !

Je lève les yeux au ciel. Je n'ai pas le temps ni l'énergie pour ce genre de sottises. Je leur réponds sèchement :

— Je suis trop paresseuse pour discuter avec vous. Continuez à parler dans mon dos. Après tout, vous n'êtes pas à ma hauteur. Je ne fréquente pas les gens sans cervelle qui ne savent que flatter ou salir les autres.

Je tourne les talons et m'éloigne pour me remettre à mon travail.

Il est cinq heures de l'après-midi. L'heure de rentrer. Je m'étire doucement, soulagée à l'idée de retrouver ma maison, mon lit, de quoi manger, regarder des séries… Un peu de calme, de bonheur simple.

Mais… oh ! J'ai failli oublier ! Je dois apporter les documents au bureau du PDG !

En me levant pour m'y rendre, un collègue m'interpelle :

— Au revoir, Maylidjy. Je m'en vais !

— Au revoir, Laury !

— On rentre ensemble ?

— Non, vas-y en premier. J'ai encore quelque chose à faire.

— Tu fais des heures supplémentaires?

— Non. Juste des documents à remettre au bureau du PDG.

— Fais attention. Ne le provoque pas trop. Sois prudente.

— Ne t'inquiète pas. Je ferai de mon mieux.

— À demain !

— À demain !

Wouff, maintenant je dois être forte et affronter Mr Luc. Je me dirige vers son bureau et frappe.

— Toc toc toc…

Pas de réponse. Le président a-t-il déjà quitté ? Peut-être est-il rentré chez lui… Je vais juste déposer les dossiers sur son bureau et partir.

En entrant, je pose les documents sur son bureau. Et là… je le vois sortir de la porte au fond de la pièce. Une porte que je soupçonnais de cacher quelque chose. C'est donc une chambre !?

Il sort, décontracté. Sans veste, la chemise déboutonnée jusqu'à la poitrine, col desserré… et je vois ses abdos apparaître discrètement. Son torse… waw ! Il a sûrement des "six packs". Il doit s'entraîner ! Ce mec est carrément bien bâti… Je reste figée, hypnotisée, les yeux rivés sur lui.

Il remarque mon regard insistant.

— Mlle Maylidjy, a-t-elle fini de regarder ?

Je sursaute, totalement prise sur le fait.

— Q-quoi ?

Il s'approche doucement de moi.

— T'en as assez vu ?

Je suis tellement embarrassée ! 😣

— Mr Luc ! Tu… tu es là ?

— Mlle Maylidjy n'a plus d'énergie ? C'est pas le même ton que tout à l'heure.

— Comment ça ?

— Tu veux des explications ?

Je tente un petit sourire nerveux, un peu moqueur aussi.

— Tu as tout entendu ?

— Tu voulais que ce soit un secret ?

— Non, ce n'est pas ce que je voulais dire…

— Alors, que voulait dire Mlle Maylidjy ?

Il s'approche encore, son regard fixe, curieux.

— Rien de spécial, Mr Luc.

— D'accord.

— Voici les documents que tu m'avais demandé de classer. Je les ai mis sur ton bureau.

— Bien.

— Je pars maintenant. J'ai des choses urgentes à faire.

Je ne lui laisse même pas le temps de répondre. Je file hors de la pièce, attrape mon sac et sors de l'entreprise.

Une fois dehors, mon téléphone sonne.

Clin ! Clin ! Clin !

C'est Slyne.

— Allô ? Slyne ?

— Allô Lidjy ! Comment tu vas ?

— Bien, et toi ?

— Très bien ! Tu as fini le travail ?

— Je viens tout juste de sortir.

— Rejoins-moi dans un bar. Je t'envoie l'adresse !

— D'accord ! Envoie-moi ça, je te rejoins.

— Ok, à tout à l'heure.

— Je prends un taxi.

— Parfait. Je t'attends !


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