Chapter 13: Chapitre 13
Après avoir tourné les talons, Rensley m'accompagne chez moi, puis rentre chez lui. Le lendemain, pendant que je suis au travail, il m'appelle sur mon téléphone portable.
Clin ! Clin ! Clin !
Je me demande qui m'appelle à cette heure… Oh, c'est Rensley ! Mais pourquoi m'appelle-t-il directement au travail ? Ne pourrait-il pas simplement envoyer son assistant personnel me dire de venir à son bureau ? Ou encore, utiliser le téléphone de l'entreprise qui se trouve sur mon propre bureau ? Veut-il que tous les employés soient au courant de notre relation ?
Je décide de ne pas répondre. Je retourne mon téléphone, face contre le bureau, et le laisse sonner.
Tac ! Tac !
Quelqu'un frappe à la porte. Je lève les yeux : une employée se tient sur le seuil, puisque la porte de mon bureau est restée ouverte.
— Entrez !
— Mlle Maylidjy, ce document nécessite la signature de Mr Luc.
— Déposez-le ici.
— D'accord.
Elle dépose le dossier, puis remarque la sonnerie insistante de mon téléphone.
— Mlle Maylidjy…
— Hmmm ?
— Ton téléphone sonne !
— Oui, je l'ai entendu. Ne t'en occupe pas.
— Mais… ça ne s'arrête pas.
— Je suis très occupée. Je répondrai plus tard, une fois que j'aurai fini de consulter ces documents.
— Et s'il s'agissait d'une urgence ?
Je hausse les épaules avec un léger sourire en coin :
— Ce n'est pas le cas. Disons que je filtre les énergies, ces temps-ci.
— Quoi ? Comment ça ?
— C'est un appel… perturbant. Il pourrait s'agir d'un agresseur.
— Ohh… je comprends. Il faut faire attention, d'accord ? Bon, je retourne à mon poste.
— Vas-y, merci.
Elle tourne les talons. Je pousse un léger soupir, comme quelqu'un qui vient d'échapper à un désastre.
À peine a-t-elle franchi la porte que l'assistant de Mr Luc entre dans mon bureau. Que fait-il ici ?
— Mlle Maylidjy !
— Oh ! Mr Carl, c'est vous ?
— Mr Luc vous demande dans son bureau.
— Euh… Pourquoi ne m'a-t-il pas appelée directement ? Désolée de vous déranger, Mr Carl…
Dis-je d'un ton nerveux.
Carl marmonne quelque chose à voix basse :
— N'est-ce pas toi qui refusais de répondre à l'appel de ton "agresseur" ? Et maintenant tu fais semblant qu'il ne t'a pas appelée ? Je me demande bien ce que ces amoureux cherchent à cacher… Enfin bon, je ne me mêle pas des histoires de couple. C'est irritant.
Il a parlé si bas que je n'ai rien compris. Je lui demande :
— Pardon ? Qu'est-ce que vous venez de dire, Mr Carl ?
— Rien, rien. Rendez-vous simplement dans son bureau, il vous attend.
— D'accord, j'y vais tout de suite.
Il s'en va, l'air étrange. Est-ce que quelque chose ne va pas ? Est-il malade ? Ou bien Rensley lui aurait-il fait quelque chose ?
Je me lève, prends une grande inspiration, et me rends au bureau de Mr Luc. J'arrive devant sa porte… et je frappe.
Tac ! Tac !
— Entrez, me dit-il d'un ton neutre.
J'entre doucement dans son bureau.
— Monsieur Luc, vous avez demandé à me voir ?
Il ne répond pas, comme s'il ne m'avait pas entendue. Je m'approche légèrement.
— Monsieur Luc ?
Il lève lentement la tête, me regarde droit dans les yeux un long moment, puis me demande, d'une voix calme mais insistante :
— Comment viens-tu de m'appeler ?
Je tente de rester neutre, comme si de rien n'était, et je répète avec indifférence :
— Monsieur Luc.
Il ne dit toujours rien. Il se lève de son fauteuil, contourne son bureau et s'approche de moi, pas à pas, lentement. Arrivé à ma hauteur, il pose ses deux mains de part et d'autre de mon corps, m'enfermant contre le mur. Son regard reste fixé dans le mien. Cette fois, il me le demande à voix basse, d'un ton plus intime :
— Comment viens-tu de m'appeler ?
Je détourne légèrement le regard, troublée. Mon cœur bat plus fort. J'hésite. Puis, d'une voix timide, je marmonne en bégayant :
— M… Monsieur Luc.
Ses lèvres s'approchent dangereusement des miennes, mais sans les toucher. Puis, elles glissent jusqu'à mon oreille, et il me murmure :
— Ce n'est pas comme ça que tu m'appelais… pas quand on est seuls, toi et moi.
Il pose une main contre ma taille et m'attire doucement contre lui. Je sens son souffle chaud contre ma peau.
— Parfois, tu m'appelles autrement, tu te souviens ? Intimement…
Je reprends mes esprits, tente de le repousser doucement.
— Que fais-tu ?
Mais il saisit ma main, doucement, et poursuit :
— Ma femme serait-elle devenue timide ? Je vais devoir travailler un peu plus pour qu'elle se détende.
— Monsieur Luc, ce n'est pas…
Je n'ai pas le temps de finir. Il pose son index sur mes lèvres pour me faire taire, le descend lentement le long de mon menton, puis de mon cou. Il tente de continuer vers ma poitrine tout en me murmurant :
— Tu m'appelles "mon amour", "chéri", "Daddy"... surtout quand nous sommes au lit.
Il me regarde avec douceur et passion, puis ajoute :
— Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tout est différent, maintenant ?
Je détourne les yeux sans répondre. Une tension étrange s'installe en moi. Mon corps est tendu, mon esprit partagé. Il le sait. Il joue avec ça. Ses lèvres effleurent mes épaules, mon cou, mes oreilles. Il me caresse lentement.
Je tente de garder le contrôle, mais mes yeux se ferment malgré moi. Ma main caresse sa nuque. Je me ressaisis soudain et tente de le repousser avec un peu plus de force.
— Sley… Nous sommes à l'entreprise. On ne peut pas…
Mais il m'attire contre lui, me tourne, me plaque doucement contre son bureau. Il est derrière moi, me serre avec fermeté, ses mains parcourent mon corps, ses lèvres aussi. Il me retourne encore, me soulève par la taille, me dépose sur le bureau. Nos respirations s'emballent. Il m'embrasse, et je ne résiste plus. Je me laisse aller, je me perds dans ce moment.
Puis, brusquement, le téléphone sonne.
Il soupire de frustration, attrape son téléphone sans regarder qui appelle, et raccroche. Mais la sonnerie reprend aussitôt. Cette fois, je lui prends la main et murmure :
— Et si tu répondais ?
— Non, pas maintenant…
— Réponds.
Il me lance un regard tendre, résigné.
— D'accord.
Il jette un œil à l'écran et dit :
— C'est mon grand-père.
Je lève légèrement les sourcils. Il décroche.
— Allô, grand-père ?
La voix autoritaire de l'homme retentit dans l'appareil :
— Idiot de garçon ! J'ai appris que tu fricotais avec une femme inconnue, au passé suspect. Ce soir, rentre à la maison avec elle. Je veux voir de mes propres yeux cette femme capable de t'approcher. Toi, qui n'as jamais laissé personne t'atteindre.
— Grand-père, écoute-moi, ce n'est…
— Je ne veux rien entendre ! Si tu ne viens pas aujourd'hui avec cette femme, ne mets plus jamais les pieds chez moi, et ne me considère plus comme ton grand-père !
Il raccroche aussitôt, sans me laisser ajouter un mot. Rensley fixe son téléphone quelques secondes, visiblement agacé, avant de le déposer sur son bureau. Je l'observe, intriguée.
— Qu'est-ce qui ne va pas ? Il s'est passé quelque chose ?
— Non, rien d'important, répond-il rapidement.
Je fronce les sourcils.
— Alors pourquoi cette tête ? On dirait que quelque chose de grave vient de se produire.
— Grand-père veut que je passe le voir ce soir.
— Tu n'as qu'à y aller, ce n'est pas…
— Il veut aussi te voir. Tu dois venir avec moi.
Surprise, je me lève brusquement du bureau, les yeux écarquillés.
— Quoi ? Pourquoi veut-il me voir ?
— Ne t'en fais pas. Il veut juste… discuter.
— Mais comment sait-il que j'existe ? On n'a encore jamais parlé de notre relation à personne, même les employés de l'entreprise ne sont pas au courant. À moins que…
— À moins que quoi ?
— À moins que ce soit Carline…
— Carline ?
— Elle est très proche de ta famille, non ? Et elle est aussi au courant de notre relation. Elle pourrait très bien l'avoir mentionnée à ton grand-père.
Il reste pensif quelques secondes avant d'acquiescer.
— Ce que tu dis tient la route. Mais peu importe qui lui en a parlé ou pourquoi… Je veux que tu saches une chose : je te protégerai toujours.
Il m'adresse un sourire rassurant, puis dépose un baiser tendre sur mon front. Je lui rends son regard et lui souris à mon tour. Il me prend alors doucement la main.
— Allons-y.
— Hein ? Où ça ?
— On sort.
— Sortir ? Où ça exactement ?
— Dehors, bien sûr.
Je hausse les sourcils.
— Mais j'ai encore du travail à terminer…
— Il est l'heure de finir la journée. Et tu sais que dans mes entreprises, les employés n'ont pas le droit de faire des heures supplémentaires.
— Tu dis ça comme si c'était Lazy Group…
— Que ce soit Lazy Group ou un autre que je dirige, la règle est la même : pas d'heures supplémentaires.
— D'accord, mais tu ne crois pas que la paresse est tout aussi inacceptable ?
— C'est vrai, mais là, il ne s'agit pas de paresse. Tu as terminé ce que tu avais à faire, donc tu peux partir.
— Sley…
— Viens, ma chérie. Allons faire du shopping !
Je secoue doucement la tête.
— Ce n'est pas très approprié…
— Qu'est-ce qui ne l'est pas ?
— Eh bien… le fait que tu veuilles m'emmener faire du shopping comme ça, en pleine journée.
— Quoi ? Tu parles du fait qu'un homme accompagne sa femme, ou qu'il lui demande de l'accompagner pour une petite virée détente ?
Je détourne légèrement les yeux, embarrassée. Il resserre sa prise sur ma main avec un petit sourire malicieux.
Je le regarde, puis souffle doucement avant de lui dire :
— Non, ce n'est pas ça… Je veux dire… Je veux…
— Tu veux quoi ? me demande-t-il en me regardant droit dans les yeux.
— Aya… Je veux dire que ce n'est pas bien qu'on soit aussi proches ici, dans l'entreprise. S'ils nous voient ensemble de manière aussi intime, ils vont commencer à faire des suppositions. Ce ne serait pas bon pour ton image. Ça pourrait nuire à ta réputation, à ta famille… et même à tes entreprises.
Il rit doucement, puis me répond avec assurance :
— De quoi t'inquiètes-tu ? Je suis ton petit ami, pas un inconnu. Il suffit simplement de rendre notre relation publique.
— Pas maintenant ! On s'était mis d'accord là-dessus… Je ne suis pas encore prête.
Il m'observe quelques secondes, puis hoche la tête.
— D'accord. On fait comme tu veux. Tu n'as pas à te cacher, ni à te sentir sous pression. Sache que quoi qu'il arrive, je serai toujours là pour toi. Fais-moi juste confiance, d'accord ?
— D'accord… Je te crois.
— Mais on n'a pas besoin de faire du shopping aujourd'hui. J'ai assez d'habits et…
— C'est bon. On va simplement choisir une tenue pour ce soir, pour aller voir mon grand-père. Ça te va ?
— Mais toi aussi, tu dois te préparer. Sinon tu risques d'être en retard.
— Rassure-toi, ça ne prendra pas longtemps. Et tu n'as pas à être nerveuse. Tout le monde sait que tu es ma secrétaire, donc il n'y a aucune raison de te cacher ou de prétendre qu'on est éloignés.
— D'accord.
Après cette discussion, je monte dans sa voiture, et lui aussi. Son assistant nous conduit jusqu'au centre commercial. Arrivés sur place, nous commençons à regarder les vêtements. Je change de tenue à plusieurs reprises, mais rien ne semble lui plaire. Pourtant, il ne cesse de dire que tout me va bien… mais il insiste pour que l'on essaie encore une autre.
La vendeuse, qui nous assiste depuis un moment, s'approche, visiblement confuse :
— Monsieur, nous avons presque épuisé toute la collection féminine en édition limitée… mais vous ne vous êtes toujours pas décidé. Quel accessoire souhaitez-vous pour finaliser le look ?
Il ne répond pas. De mon côté, je commence à être épuisée. À force d'enchaîner les essayages, je me lasse. Rien ne lui plaît. Pourtant, il continue à dire que je porte tout avec élégance… mais qu'il veut « le coup de cœur ».
Je prends alors une dernière robe. C'est la dernière que j'essaie, pensai-je. S'il ne l'aime pas, je n'irai pas chez son grand-père ce soir.
Je l'enfile et, une fois prête, je tire le rideau de la cabine d'essayage. Il est là, debout, à quelques pas. Lorsqu'il me voit, il reste bouche bée.
— Alors ? Comment tu me trouves ? lui demandai-je.
Il s'avance lentement, un sourire satisfait sur les lèvres :
— Voilà ! C'est celle-là ! On prend celle-ci !
La vendeuse sourit à son tour, soulagée.
— Très bon choix, monsieur. Je vais la préparer pour l'emballage.
Il choisit ensuite un collier délicat, une paire de talons assortis, ainsi qu'une paire de chaussures plates pour me permettre d'être plus confortable en cas de besoin. L'ensemble va parfaitement avec la robe. Je l'observe en silence, touchée par l'attention qu'il met dans chaque détail.
Ce soir, je rencontrerai son grand-père. Et je porterai cette tenue, choisie par lui. Un mélange de nervosité et d'excitation monte doucement en moi…