Chapter 12: Chapitre 12
Après que je sois partie en taxi, Monsieur Luc arriva précipitamment, l'air inquiet, auprès de sa mère.
— Maman, tu vas bien ? Tu n'es pas blessée ? Laisse-moi voir !
— Cesse de me toucher, idiot de garçon ! Si cette gentille demoiselle ne m'avait pas sauvée, je serais déjà morte à l'heure qu'il est !
— Quelle gentille demoiselle ?
— Ta future femme, voyons ! La future belle-fille de la famille Dupont !
— Maman, je t'ai déjà dit que je ne voulais pas de rendez-vous arrangés. Je veux me marier avec quelqu'un que j'aime, pas avec une femme que tu choisis au hasard !
— Hé ! Garçon idiot ! Tu me dis ça depuis des années, mais je n'ai toujours pas tenu mon petit-fils dans mes bras !
— Maman… faire un enfant, ça prend du temps. Il faut neuf mois, tu sais.
— Et tu n'as même pas encore trouvé la personne ? Comment veux-tu faire un bébé ? Tu me prends pour une imbécile ?
— Maman…
— Ne m'appelle pas "grand-mère" ! Si tu étais arrivé plus tôt, tu aurais rencontré ma belle-fille ! Elle a un enfant, en plus. Tu peux prendre ton temps avant d'en faire un autre. Et il te ressemble énormément… exactement comme toi, quand tu étais petit.
— De quoi tu parles, Maman ? Je ne veux pas d'une fille que tu as choisie…
— Je ne te demande pas ton avis. Tu dois la rencontrer. Ce n'est pas négociable. Et si tu continues à refuser, ma tension va encore grimper !
— Maman !
— Ayo ! J'ai mal ! Ça fait mal ! Très mal !
s'exclama Mme Dupont en se tenant la poitrine. Luc, affolé, s'approcha vite.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Maman ?! Qu'est-ce qui ne va pas ?
— J'ai mal au cœur !
— On va à l'hôpital, vite !
Il essaya de la soutenir par les épaules, mais se figea quand elle lui attrapa le bras en murmurant d'une voix faible :
— Peut-être… que mon heure a sonné…
— Ne dis pas de bêtises ! Viens, je t'emmène à l'hôpital !
— Luc… Promets-moi… promets à ta mère que tu te marieras… et que tu auras des enfants…
— Maman, ce n'est vraiment pas le moment pour parler de ça !
— Promets-le-moi !
— D'accord, d'accord, je te le promets !
— Promets-moi que tu rencontreras la fille de tout à l'heure !
— Oui, je te le promets !
— Et si tu romps ta promesse, tu seras un chien ! Tu m'entends ? Un chien !
— D'accord ! Je ne romprai jamais ma promesse, sinon je serai un chien… Maintenant allons à l'hôpital, s'il te plaît, Maman !
C'est alors que Mme Dupont cesse soudain d'émettre des gémissements de douleur, se redresse d'un coup, bien droite, et déclare :
— Maintenant, tu n'as plus d'autre choix que de tenir ta promesse, sinon… tu seras un chien !
— Maman ! Tu faisais semblant encore une fois ?!
— Moi ? Faire semblant ? Jamais !
— Tu m'as encore joué un tour, Maman… C'est pas bien du tout.
— Tout ça, c'est de ta faute ! Tu refuses de me donner un petit-fils. Dis-moi, tu ne peux pas le faire ?
— Qu'est-ce que tu racontes là, Maman ? Dire ça à un homme, c'est mettre sa fierté en jeu !
— Alors pourquoi tu ne veux pas de femmes ?
— Ne me dis pas que tu penses que je suis intéressé par les hommes ?
— Tu le dis toi-même ! Alors… ?
— Maman, ne dis pas n'importe quoi ! Je ne suis pas intéressé par les hommes. J'aime une fille, c'est ma petite amie.
— Encore un mensonge ! Si tu as une petite amie, pourquoi tu ne me la présentes pas ?
— On vient juste de se mettre ensemble. Je ne veux pas lui mettre la pression. Elle penserait que c'est trop soudain. Je ne veux pas qu'elle prenne peur et qu'elle s'enfuie.
— Tu ne peux plus revenir sur ta parole, hein ! Et puis, elle m'a dit qu'elle travaillait aussi à l'entreprise. Tu la connais peut-être.
— Si ma copine apprend que je vais à un rendez-vous arrangé, elle va exploser. Tu n'as pas peur de perdre ta future belle-fille ?
— Je ne savais pas que tu avais une copine… et je ne te crois toujours pas. Tu dis sûrement ça pour éviter d'y aller. Mais je t'avertis : que tu le veuilles ou non, tu dois y aller.
— D'accord, d'accord… J'irai.
— Je croirai que tu as une petite amie le jour où tu me la présenteras chez moi.
Après ces paroles, ils rentrent chez eux. De mon côté, j'ai préparé le dîner, et je mange avec Grand-mère et Sley autour de la table. Ensuite, je fais une petite sieste.
Puis je reçois un appel de Mme Dupont.
— Allô, Mme Dupont ?
— Allô, ma fille ! Comment vas-tu ?
— Je vais bien, et toi ?
— Je vais très bien. Mon fils a accepté de te rencontrer. Pourquoi ne pas venir dîner avec nous ce soir ?
— Euh… Grand-mère, je ne…
— Ne te précipite pas pour refuser ! Je vais réserver un restaurant, comme ça vous pourrez discuter tranquillement.
Je m'apprête à répondre, mais elle a déjà raccroché.
Son fils, c'est mon petit ami. Donc… je vais à un rendez-vous arrangé avec mon propre copain ?! Comment a-t-il pu accepter ça ? Et quand il verra que c'est moi, qu'est-ce que je vais faire ? Peu importe. J'y vais.
Le soir venu, je me suis préparée, puis je me rends à l'adresse qu'elle m'avait envoyée. En arrivant, je le vois assis à une table. Je prends une grande inspiration, avance vers lui et fais semblant de le découvrir :
— Sley ! Que fais-tu ici ?
Il se lève brusquement, surpris :
— Toi ? Que fais-tu ici ?
— C'est plutôt à toi de répondre à cette question, tu ne crois pas ?
— Euh… ceci… je… je…
— Quoi ? Tu ne peux pas t'expliquer ?
— Non, non… Je suis…
— Tu viens pour un dîner d'affaires ou pour un rendez-vous arrangé ?
Il semble nerveux, et dit d'un ton coupable :
— Comment c'est possible ? Je ne peux pas venir à un rendez-vous arrangé alors que j'ai…
Je le coupe, les bras croisés, le regard sérieux :
— Rensley ! N'es-tu pas en train de me mentir ?
D'un air surpris mais curieux, il me demande humblement :
— Pourquoi dis-tu ça, ma chérie ?
— Tu ne bégayais jamais auparavant quand tu me parlais. Mais aujourd'hui, tu sembles… un peu différent. Comme si tu avais mauvaise conscience. Tu aurais fait quelque chose qui te rend coupable ?
— Non, non, t'inquiète pas. Viens, assieds-toi.
— Tu n'attendais pas quelqu'un, par hasard ?
— Si, mais j'ai changé d'avis. Maintenant, je veux juste passer du temps avec toi. Commande ce que tu veux, c'est moi qui t'invite. Fais-toi plaisir.
— D'accord… alors je ne me retiendrai pas !
— Vas-y, fais-toi plaisir.
Je prends le menu et commence à réfléchir à ce que je vais commander. Pendant ce temps, il me dit :
— Je reviens, je vais aux toilettes.
— D'accord.
Il se lève et s'éloigne. À peine une minute plus tard, Carline entre dans le restaurant. En me repérant de loin, elle marche droit vers moi. Concentrée sur le menu, je ne remarque pas tout de suite sa présence. C'est sa voix moqueuse qui me fait lever les yeux.
— Yoo ! N'est-ce pas Mlle Maylidjy ? Ah non… je devrais dire secrétaire Maylidjy.
Je lève les yeux, la regarde brièvement, puis reporte calmement mon attention sur le menu sans m'émouvoir. Elle poursuit :
— Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu en es réduite à manger toute seule dans un restaurant ? Où est passée ton arrogance ? Tu faisais la fière quand tu as volé le fiancé des autres. Et maintenant ? Rensley t'a larguée, c'est ça ?
Je souris, toujours indifférente, et lâche :
— Oh mon Dieu… j'ai oublié de vérifier l'Almanach avant de sortir aujourd'hui.
— Hein ? Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Rien d'important. Juste que je suis tombée sur un dieu de la peste aujourd'hui.
— Tu...
Je l'interromps sans la laisser finir :
— Pas besoin de demander, je parlais de toi.
— Tu es…
Je poursuis, toujours avec le même calme provocateur :
— Pas besoin de me remercier, tu es la bienvenue.
Furieuse, elle attrape un verre d'eau posé sur la table, prête à me le jeter au visage. Mais avant qu'elle n'ait pu le faire, je saisis fermement sa main pour l'en empêcher. Puis, sans hésiter, je me lève, prends un autre verre et lui balance l'eau en plein visage.
Elle reste bouche bée, choquée. L'eau dégouline sur son visage maquillé. Elle crie, furieuse :
— Tu m'as éclaboussée d'eau ?!
— Tu ne vois plus clair, c'est ça ? Attends, je vais…
Mais avant que je n'aie pu finir ma phrase, elle se jette sur moi.
— Je vais te frapper !
Elle lève la main pour me gifler. Je la bloque aussitôt, la repousse sèchement, et lui rends une gifle bien méritée.
— Tu m'as frappée ?! Tu as osé me frapper ?!
— Et alors ? C'est interdit maintenant ? Tu trouves que ce n'est pas assez ? Tu en veux une deuxième ?
— Je vais te faire la peau !
Elle s'élance vers moi, prête à se battre, mais à ce moment précis, Rensley arrive. En voyant la scène, il court dans notre direction et s'écrie :
— Tu oses ?!
Carline, surprise par le ton de sa voix, ralentit, confuse.
— Cette voix… pourquoi elle me semble si familière ? On dirait… Sley ?
Rensley apparaît enfin, l'air sérieux, tendu.
De mon côté, je reste figée. Dans mes pensées, le doute m'envahit :
Il va peut-être prendre le parti de Carline.
Après tout… même si je suis sa petite amie actuelle, Carline reste son amour d'enfance…
Il s'avance vers moi et dit d'un ton grave :
— Je vais voir qui ose toucher les gens qui me sont chers.
Je baisse légèrement les yeux. Il fait sans doute référence à Carline. Moi ? Je ne peux pas être comparée à une personne dont il est amoureux depuis l'enfance. Je le regarde, sans dire un mot, mais je n'affiche pas non plus un air nerveux. Je ne vais pas me laisser intimider, même s'il prend son parti. S'il faut affronter ça, je le ferai. Et s'il faut rompre, je le ferai aussi… s'il pense que ça peut le rendre heureux.
Mais à ma surprise, il s'approche encore un peu plus, me prend doucement la main, et me demande d'un ton inquiet :
— Est-ce que ça fait mal ?
Il regarde ma main avec attention, puis souffle doucement dessus.
Choquée, je le fixe.
— Quoi ?! Que veux-tu dire ? Tu n'es pas en colère ?
— Bien sûr que je le suis.
Je baisse le regard un instant. Comme je le pensais… il est en colère. Il va prendre le parti de Carline, c'est évident. Mais alors, pourquoi reste-t-il près de moi, à me regarder comme s'il se souciait vraiment de moi ? Il joue la comédie ? Il est doué pour ça, alors…
Je retire ma main de la sienne, sèchement.
— Alors pourquoi restes-tu là, si tu es en colère ?
— Si je ne suis pas à tes côtés, je devrais être où ?
— Ça, c'est à toi de le savoir.
Il me fixe, attentif, peut-être qu'il sent que je suis un peu blessée… ou fâchée. Il soupire légèrement, puis ajoute d'un ton doux :
— La prochaine fois, tu peux simplement appeler les agents de sécurité. Ils viendront sortir la personne qui t'embête. Tu n'as pas à gérer ça toute seule. Ne te fais plus souffrir. Je ne veux pas que tu aies mal.
Je cligne des yeux, surprise par la douceur de ses paroles.
— Tu… tu n'es pas fâché que j'aie giflé Carline ?
— Pourquoi devrais-je l'être ?
— Ce n'est pas elle… ton amour d'enfance ?
— Non. C'est toi, mon amour.
Il marque une pause, puis poursuit :
— Sa famille et la mienne ont toujours eu de bonnes relations. On a grandi ensemble, oui. Mais je ne l'ai jamais aimée. Je te l'ai déjà dit : je n'ai jamais été amoureux dans mon enfance. Tu es la première à m'avoir fait ressentir ça.
Je reste silencieuse un instant, émue malgré moi. Mais quelque chose me revient en tête.
— Alors… tout à l'heure, quand tu disais que tu étais en colère…
Il me coupe doucement :
— C'est parce qu'en giflant quelqu'un, tu t'es blessée à la main. La prochaine fois, je serai ta main, d'accord ? Ou alors tu feras appel à un garde du corps. Pas besoin de te faire mal pour des gens comme elle. Elle n'en vaut pas la peine.
Je baisse les yeux un instant, touchée.
C'est alors que Carline, toujours présente, nous observe avec rage. Elle explose :
— Comment peux-tu être aussi intime avec elle, Sley ?! Je suis mille fois meilleure qu'elle ! En quoi peut-elle même être comparée à moi ? Pourquoi elle, et pas moi ?!
Rensley la regarde, froidement, puis répond avec calme mais fermeté :
— Tu as raison.
Elle sourit, croyant avoir gagné.
Mais il poursuit :
— Tu as raison… elle ne peut pas être comparée à toi.
Le sourire de Carline se fige.
— Parce que tu n'as pas ce qu'elle a. Parce qu'elle est incomparable. Elle a trop de valeur pour qu'on la met sur le même plan que toi.
Carline éclate d'un rire moqueur et lance avec mépris :
— Incomparable, tu dis ? Elle ne vient même pas d'une famille aisée ! Elle s'accroche aux richesses pour survivre, vend son corps pour décrocher un emploi, et en plus elle vole les fiancés des autres. Oui, c'est sûr… vraiment incomparable !
Rensley, impassible, répond d'une voix glaciale :
— Tu as raison sur un point : elle ne vient pas d'une grande famille. Mais elle a quelque chose que toi, tu n'auras jamais : le respect. Elle est bien plus respectueuse que toi. Et bien mieux élevé.
Il s'approche légèrement et ajoute d'un ton sec :
— Et au passage, je ne t'ai jamais aimée, Carline. Nous n'avons jamais été ensemble, encore moins fiancés. Alors fais-moi une faveur : respecte-toi et respecte-la. Quand tu parles de ma femme, mesure tes mots. Sinon, ne viens pas te plaindre si je deviens impoli, que je mette de côté toutes ces soi-disant années d'amitié entre nos familles.
Touchée en plein cœur par ces mots, Carline tente un dernier coup. Elle avance vers lui, pose ses deux mains sur ses bras et le regarde avec des yeux suppliants :
— Rensley… Tu ne peux pas me traiter ainsi. Tu sais très bien que je t'aime.
Je n'attends pas une seconde. Je m'avance vers elle, retire fermement ses mains de mon petit ami, la pousse légèrement en arrière et dis calmement, mais fermement :
— Mlle Carline, veuillez vous contrôler. Ce n'est pas bien de s'accrocher au petit ami des autres.
—Écarte-toi. Je parle à Rensley.
Je plisse les yeux, ma voix devient tranchante :
- Il ! Ce n'est pas très correct d'appeler aussi familièrement les hommes des autres. Pour moi, c'est totalement inacceptable. Et si tu continue comme ça, ma main pourrait bien perdre le contrôle et atteindre ton visage… encore une fois.
— Tu oses ?!
— Il n'y a rien que je n'oserais pas faire. Tu t'en souviens, non ? Je t'ai déjà giflée tout à l'heure, n'est-ce pas ?
— Toi…
Je m'approche d'elle une dernière fois, le regard froid :
— Et un dernier conseil, Carline. À l'avenir, parle-moi avec respect, si tu tiens à maintenir ta collaboration avec Lazy Group. Sinon, prépare-toi à voir ton entreprise couler.
Je saisis les bras de Rensley, lève fièrement la tête, et ensemble, nous nous éloignons sans nous retourner.