The Mark of the Ashen Girls

Chapter 17: Chapitre 17 — Les chiens de la chaîne



Chapitre 17 — Les chiens de la chaîne

Ils marchaient côte à côte, sans parler, glissant entre les ombres comme s'ils en faisaient partie.

L'un portait une tunique de toile grise, usée aux coudes. L'autre, plus petit, portait une capuche trop large pour son crâne fin.

Tous deux dégageaient la même chose.

Un calme lourd.

Un calme d'hommes qui avaient vu des gamins supplier, des mères vendre leurs enfants, et des esclaves mourir sans bruit.

Yarik, l'aîné, n'avait pas eu besoin de beaucoup d'indices. Il sentait les gens. Il savait lire dans les silences, dans les silences gênés surtout.

Et dans cette ville basse, les murs ne parlaient pas, mais les regards trahissaient tout.

Toval, le plus jeune, était moins fin. Il était bon avec les chiffres, et encore meilleur pour faire parler les gorges pleines d'orgueil ou de dettes.

C'était lui qui avait trouvé la vieille du marché.

C'était lui qui avait proposé le détour par ce bordel.

— T'es sûr ?

— Le silence est trop épais autour d'ici. Et les descriptions concordent.

— Alors on y va.

Le bâtiment leur fit face comme un animal blessé.

La façade penchait, les lanternes vacillaient.

Mais à l'intérieur… des rires, des parfums.

Et des secrets.

Yarik poussa la porte, un sourire presque poli accroché aux lèvres.

---

La matronne leva les yeux vers eux sans les inviter à s'asseoir.

Elle savait.

Pas qui ils étaient, ni ce qu'ils savaient.

Mais elle connaissait ce regard.

Le regard de ceux qui ne venaient pas pour du plaisir.

Mais pour du pouvoir.

— Vous cherchez quelque chose ? demanda-t-elle, en s'essuyant les mains sur son tablier.

Toval prit la parole en premier, jouant la carte du client curieux.

— On a entendu parler d'une jolie brune. Silencieuse, mais avec un certain feu dans les yeux. Elle a fui un contrat… ou disons qu'elle a été mal orientée.

— Ici, les filles ne sont pas à vendre à l'unité, répondit la matronne sèchement. Et si elle est ici, c'est qu'elle est sous mon toit, donc hors de votre portée.

Yarik sourit cette fois. Un sourire d'homme habitué à contourner les règles sans jamais les casser.

— On ne cherche pas d'ennuis. Mais une personne dans votre situation pourrait gagner beaucoup en coopérant. Et perdre bien plus en… refusant.

La matronne serra les dents.

Vaën. Lucia.

Elle savait.

Mais elle n'était pas prête à vendre l'une des siennes. Pas encore. Pas sans peser ce que cela lui coûterait de chaque côté.

— Je vais voir si une fille correspond à vos goûts. Attendez ici.

Elle quitta la pièce sans se retourner.

Et les deux hommes restèrent seuls.

Toval fit craquer ses doigts.

— Elle ment.

— Évidemment qu'elle ment.

— On l'a trouvera même si elle s'enfuit par le toit.

Yarik regarda les murs. Les fenêtres. Les portes.

Tout sentait la crasse… mais surtout, la peur.

— Tu sens ça ? murmura-t-il.

— Quoi ?

— Quelqu'un ici a quelque chose à perdre. Et c'est là qu'on trouve ce qu'on cherche.

---

Lucia, à l'étage, figea ses gestes.

La voix.

Elle connaissait cette voix.

Elle n'avait pas de souvenir net, pas encore.

Mais le ton, le poids de ce souffle entre les mots… c'était comme une main sur sa nuque.

Elle trembla.

Vaën s'approcha sans un mot.

Il n'eut pas besoin de poser de questions.

Il vit.

Lucia était pâle, mais droite.

Pas brisée.

Pas encore.

Et lui…

Il sentit quelque chose en lui frissonner.

Pas de la peur.

Mais une volonté de rester.

De protéger, même sans comprendre pourquoi.

Même si ce n'était pas son rôle.

Même si, au fond, tout ça allait mal finir.


Tip: You can use left, right, A and D keyboard keys to browse between chapters.